L’Atlas du street art et du graffiti réédité
À signaler, la nouvelle édition mise à jour de l’indispensable panorama mondial du street art, chez Flammarion. De quoi mieux comprendre les enjeux de cette forme d’art populaire aux influences multiples.
Quel vaste champ d’exploration que cette forme d’art qui se répand dans tout l’espace, et pas seulement urbain ! Depuis la côte Est des États-Unis, il a envahi le monde entier. Revêtant des aspects matériels différents, « du vandalisme apparent des tags au muralisme ostensiblement artistique des fresques », il regroupe « autant de motivations, d’approches et de styles qu’il y a de praticiens », précise l’auteur Rafael Schacter. En témoignent ses diverses influences locales : le pixaçao brésilien, le pop art et le land art américains, les pochoirs politiques argentins, etc.
Approfondi et complet
Cette présentation des travaux de 113 artistes (individuels ou collectifs de praticiens), à travers 25 pays, de la métropole surpeuplée au désert, constitue l’ouvrage le plus approfondi et le plus complet sur cette forme d’art contemporain. On y découvre ainsi la variété des langages (abstraction géométrique, figuration photoréaliste, conceptuel…) et des supports (béton, bois, affiche…), ainsi que des techniques (graffiti traditionnel, peinture à la bombe aérosol, installation, performance…).
Rafael Schacter est un chercheur anglais, diplômé de la British Academy, docteur en anthropologie à l’Université de Londres. Il a été l’un des organisateurs et commissaires de l’exposition Street Art, à la Tate Modern de Londres, en 2008. Auteur de nombreuses publications, il donne des conférences sur « l’Art public indépendant » dans le monde entier.
Un art et un rituel
Défendant la thèse selon laquelle, le street art est non seulement ornemental mais rituel (réalisé dans un cadre performatif), il sape les habituels clichés sur cet art longtemps méprisé. Au-delà du sensationnalisme, il se penche donc sur l’évolution des formes, proposant des analyses fouillées, soulignant les dimensions éthiques, sociales et politiques. En effet, travaillant dans la sphère publique, ces instigateurs cherchent à embellir le quotidien, souvent à exprimer leurs idéaux, voire à dénoncer ou provoquer. Avec un supplément d’âme qui transpire quasiment à chaque page.
Cette nouvelle édition mise à jour recense 750 illustrations, 12 cartes originales et des focus sur 16 villes, tous réalisés par des experts. Une belle illustration de l’ampleur sans précédent de ce mouvement mondial. Une « sous-culture » qui accède aujourd’hui au marché de l’art et à l’institution. Un comble pour des artistes souvent militants, désintéressés et clandestins, désireux de marquer leur territoire – et l’histoire – d’une façon inédite, loin des conventions. Jouant parfois avec leur vie, ne sont-ils pas doués de fantaisie et d’imagination, sincères et libres ?
Sarah Meneghello
Articles liés
“We Are Here, le street art entre au musée” : le livre de l’exposition au Petit Palais est disponible aux Éditions Albin Michel
Le livre de l’exposition-événement “We Are Here”, curatée par Mehdi Ben Cheikh au Petit Palais, disponible aux Éditions Albin Michel le 20 novembre. “Après la Tour Paris 13 ou Boulevard Paris 13, Paris est désormais le rendez-vous incontournable du...
“Chefs d’œuvre, des mots des notes” au Théâtre de l’Œuvre
La série “Chefs d’œuvre” vous entraîne dans l’intimité d’un compositeur à travers des spectacles originaux où lettres et notes s’entrelacent. Interprété par Ivan Morane, récitant captivant, Sophie Lemonnier-Wallez, violoniste virtuose et le merveilleux pianiste Vincent Leterme, chaque spectacle vous...
“Portrait de l’artiste après sa mort” : Marcial Di Fonzo Bo en Argentine à la recherche de ses fantômes
Au Théâtre de la Bastille, l’artiste Marcial Di Fonzo Bo nous invite à une fantastique enquête en Argentine sur les traces de son enfance, des disparus de sa famille et d’artistes dont la dictature des colonels a supprimé la...